
Quand les chiffres racontent une histoire : l’impact du design d’Erin McGuire
La musique fait partie de la vie d’Erin McGuire depuis aussi longtemps qu’il s’en souvienne, même si lui-même n’est pas particulièrement doué pour la musique.
« J’ai toujours rêvé de me faufiler dans un groupe », dit-il en riant. « Je ne suis pas un bon musicien et je ne sais pas chanter. Mais si je traîne dans les parages et qu’ils ont besoin de quelqu’un pour jouer du tambourin, je suis leur homme! »
C’est en tant que photographe et graphiste qu’Erin a trouvé sa place dans l’univers musical. Ayant grandi à Halifax dans les années 80 et 90, Erin était le photographe et le designer attitré des groupes du coin et de ses amis qui signaient des contrats avec des maisons de disques.
« Je continue à le faire pour certains d’entre eux », dit-il. « Ça a toujours été ma passion. »
Erin enseigne aussi la photographie et le design graphique dans un collège de la Nouvelle-Écosse, où ses étudiants espèrent suivre ses traces.
« Ce n’est pas très payant, mais c’est quand même le type de travail de design que je préfère », déclare-t-il à propos de sa collaboration avec les musiciens.
Témoin de l’histoire de la musique canadienne
En tant que passionné de musique canadienne, Erin a naturellement suivi le groupe The Tragically Hip. Il les a vus jouer à l’Université d’Acadia en 1989, alors qu’il y était étudiant, et a ensuite assisté à un de leurs spectacles dans un club d’Halifax. Lorsque The Hip a commencé à se produire dans des salles beaucoup plus grandes, comme le Scotiabank Centre à Halifax, Erin y était aussi.
« Je les ai vus jouer une demi-douzaine de fois », dit-il. « Je suis sûr que j’aurais pu les voir 100 fois. Et je me suis dit : «Nous irons l’année prochaine». C’est bizarre comme on n’y pense pas sur le moment ».
Erin et quelques amis de l’université se sont retrouvés à l’avant-dernier concert des Tragically Hip avec Gord Downie, à Ottawa, avant qu’ils ne jouent leur dernier spectacle à Kingston.
« C’était incroyable », dit Erin. « Nous étions assis derrière la scène, mais le groupe jouait souvent vers l’arrière et prenait en compte le fait que nous étions là. »
Voir Gord Downie faire preuve d’une telle force sur scène, après avoir reçu un diagnostic de glioblastome, a été une source d’inspiration.
« Lorsque le groupe faisait une pause, on le voyait descendre les escaliers et deux imposants agents de sécurité l’attrapaient par les bras », raconte Erin. « On aurait dit qu’il allait s’effondrer. À son retour sur scène, il prenait une profonde inspiration et s’avançait avec confiance. C’était dur pour lui, c’est certain. »
Établir des liens grâce à la musique
Lorsqu’on lui demande ce qui l’a le plus touché dans le décès de Gord, Erin répond que c’est la musique qui l’a rapproché de lui.
« J’écoute de la musique 24 heures sur 24 », explique Erin. « Aucun groupe ne m’a jamais autant touché, que ce soit en lien avec mon âge ou mes goûts. D’une certaine manière, on a grandi musicalement ensemble. »
Gord, en particulier, était vénéré pour ses textes. Sa façon de raconter des histoires à travers sa musique, tout en y intégrant des références à la culture canadienne, touchait profondément Erin.
Il est lui-même devenu parolier et s’est d’ailleurs joint un groupe où il apporte sa touche personnelle.
« Ce sont de très bons musiciens, confie-t-il à propos des membres de son groupe, mais ils ne s’intéressent pas beaucoup aux paroles. Ils se concentrent davantage sur la musique, alors que moi, c’est tout le contraire : ce sont les paroles qui m’attirent en premier. »
Transformer le deuil en art
Erin se souvient parfaitement du jour où Gord a annoncé qu’il était atteint d’un cancer du cerveau.
« J’ai eu l’impression qu’on m’avait coupé le souffle », raconte-t-il.
Erin avait déjà été confronté au cancer du cerveau, ayant perdu deux amis de l’université à cause de cette maladie. Il avait aussi été marqué par le décès du fils de trois ans d’un ami proche, victime d’un cancer du cerveau.
C’est son énergie créative qui l’a aidé à faire face à ces événements marquants. Erin a consacré des heures à analyser les paroles de The Hip, en extrayant toutes les références aux chiffres, pour concevoir un design qu’il appelle By the Numbers.
« Cela va paraître vraiment cliché, mais l’idée m’est venue dans un rêve », explique-t-il. « Ma femme a emmené les enfants pour la journée, j’ai pris un café et j’ai commencé à réfléchir à la manière de procéder. J’ai écrit toutes les références numériques sur un document vierge, avant de me pencher sur le design lui-même. Puis, j’ai commencé à tracer chaque ligne. »
Il a d’abord utilisé le design sur une affiche, qu’il a vendue pour collecter des fonds pour la Fondation Sunnybrook, à Toronto. Depuis, le design d’Erin a été reproduit sur des étiquettes de bière d’une brasserie locale en Nouvelle-Écosse, des masques, des verres à boissons, des t-shirts et bien d’autres articles, le tout dans le but de collecter des fonds pour des causes qui tenaient à cœur à Gord Downie et pour des organismes qui soutiennent d’autres personnes atteintes d’un diagnostic semblable, tels que la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales.
Créer pour le changement
Le design By the Numbers d’Erin a connu un tel succès que le personnel de la Fondation lui a demandé de créer un design similaire pour la Marche des tumeurs cérébrales de 2025. Alors que la création d’Erin se concentre sur les références à des chiffres que l’on entend dans les paroles de The Hip, la version de la Fondation illustre la force du nombre, en lien avec les tumeurs cérébrales.
« Je suis inspirée par la passion et la créativité d’Erin McGuire, qui a transformé une perte personnelle en une puissante source de bienveillance », déclare Nicole Farrell, directrice générale par intérim de la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales. Sa création By the Numbers célèbre non seulement la musique canadienne, mais sensibilise aussi aux défis auxquels sont confrontées les personnes et les familles touchées par les tumeurs cérébrales. Au Canada, 27 personnes reçoivent un diagnostic de tumeur cérébrale chaque jour. »
« À la Fondation, nous savons que chaque chiffre représente une personne, une histoire et une communauté. Des collaborations comme celle-ci nous rappellent que la force réside véritablement dans l’unité, que ce soit à travers le design, la communauté ou la lutte pour un avenir sans tumeurs cérébrales. »
« J’ai été ravi », confie Erin, lorsqu’il a appris que la Fondation avait été inspirée par son projet. « J’ai trouvé ça vraiment cool ».
Un design atteint la source de son inspiration
Pour la petite histoire, le design d’Erin a atteint The Tragically Hip. Après avoir pris contact avec le responsable des médias sociaux du groupe, il a préparé un colis avec ses articles et le leur a envoyé.
« Chaque fois qu’il y a une publication sur les médias sociaux, je vérifie si l’un d’entre eux porte le t-shirt », explique Erin. « Mais je ne l’ai pas encore vu. »
Il a conquis les vedettes canadiennes de la série à succès Trailer Park Boys, qui ont fièrement arboré leurs articles By the Numbers.
« Je suis content de l’avoir fait », dit Erin. « Je dis toujours que j’ai de bonnes idées, mais je ne les concrétise jamais. Cette fois, ça a marché. »
Au nom de toute l’équipe de la Fondation, nous tenons à remercier Erin pour son travail assidu et son dévouement au service de la communauté des personnes touchées par les tumeurs cérébrales. Visitez Facebook.com/bythenumbersforcharity pour voir le travail d’Erin et inscrivez-vous dès aujourd’hui pour participer à la Marche des tumeurs cérébrales 2025!