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Le rétablissement en ligne de mire

  le 19 avril, 2024

Tracy Leipsic a toujours mené une vie active. Patineuse de vitesse dans sa jeunesse, elle est restée impliquée dans ce sport en tant que membre du conseil d’administration de Speedskating Manitoba et arbitre de la discipline au Canada, mais aussi comme mère d’un patineur de vitesse de la nouvelle génération (son fils, Adam, s’est lancé dans la pratique de ce sport). Elle fait régulièrement de l’exercice, se mettant continuellement au défi de repousser ses limites physiques. Elle a également élevé trois enfants, passionnés par les sports et les études, qu’elle a soutenus dans leurs nombreux projets au fil des ans.

En plus d’Adam, qui est étudiant en première année à l’université et athlète dans le programme Olympic Oval à l’Université de Calgary, Tracy et son mari depuis 27 ans, Richard Buchwald, sont aussi parents de deux filles jumelles identiques. Serena, ancienne étudiante-athlète qui faisait partie de l’équipe de natation et de plongée de son université américaine, a obtenu un baccalauréat en neurosciences et une maîtrise en santé publique, avec une spécialisation dans le domaine du cerveau, du comportement et de l’environnement. Rachael a récemment obtenu un baccalauréat en sciences de la santé avec distinction de la Faculté des sciences de la santé Rady de l’Université du Manitoba.

Tracy, qui a passé sa carrière dans le monde de l’assurance et a siégé au sein de plusieurs autres conseils d’administration et comités au fil des ans, occupe son temps libre en se détendant au chalet familial, en lisant et en cuisinant.

« Je ne cuisine pas en suivant des recettes », déclare Tracy, en partageant l’enthousiasme de sa famille pour ses plats traditionnels de Hanoukka. Elle garde au réfrigérateur du hummus fait maison et parle du pain aux bananes et aux bleuets qu’elle a apporté à son fils lors d’une récente visite à Calgary.

« J’utilise tout ce que j’ai dans la maison », dit-elle. « J’aime simplement m’amuser dans la cuisine. »

L’impression de ne plus être elle-même

L’été 2023 a commencé comme tous les autres, alors que Tracy vaquait à ses occupations habituelles, jusqu’à ce qu’elle commence à sentir que quelque chose n’allait pas.

Elle venait d’aider son fils à déménager à Calgary et se sentait moins énergique.

« J’ai pensé, eh bien, j’ai conduit 26 heures en deux jours », dit-elle, « évidemment que je suis fatiguée. »

Puis, elle s’est rendu compte qu’elle n’avait pas beaucoup d’appétit le matin. Tirant parti de cette situation, elle a décidé d’essayer le jeûne intermittent dont elle avait entendu parler par des amis.

L’étrange sensation de « flou » dans son œil gauche est apparue ensuite. Même si elle ne devait pas passer d’examen de la vue avant plusieurs mois, Tracy a appelé son optométriste pour prendre rendez-vous.

« Je me suis dit : «Je suis vraiment proactive et je prends soin de moi» », raconte Tracy.

Comme la sensation persistait, Tracy a rappelé son optométriste pour lui demander un rendez-vous plus tôt. Le jour de son rendez-vous avec son optométriste, Tracy est allée à la salle de sport et se souvient à quel point elle se sentait mal.

« Mon échauffement, que je n’aurais normalement pas eu de mal à faire, semblait peser 5 000 livres », dit-elle. « Je me souviens de m’être regardée dans le miroir et m’être dit : «Ce n’est pas moi ça. Je ne sais pas qui c’est.» »

Trouver la cause

Ayant compris que ses récents problèmes étaient probablement liés entre eux, Tracy était impatiente d’obtenir des réponses. Chez l’optométriste, alors qu’elle passait les premiers tests, on lui a demandé comment se déroulait sa journée.

« Je l’ai regardée et j’ai répondu : «Pas très bien, mais c’est pour ça que je suis ici» », raconte Tracy.

Elle a eu du mal à faire les tests, ne pouvant pas voir grand-chose de ce qui s’affichait à l’écran. Tracy a appris qu’elle avait perdu la majeure partie de la vision de son œil gauche et que la vision de son œil droit avait également baissé.

L’optométriste a insisté pour que Tracy soit adressée d’urgence à un ophtalmologiste, qui a accepté de la voir le lendemain matin. Vingt minutes après le début de son rendez-vous chez l’ophtalmologiste, Tracy déclare avoir eu l’impression que « l’air avait été aspiré hors de la pièce ».

À la suite de multiples examens, l’ophtalmologiste l’a orientée cette fois-ci vers une IRM.

Elle avait prévu de passer la fin de semaine à son chalet avec des amis, et c’est donc là qu’elle s’est rendue après son rendez-vous chez l’ophtalmologiste. Le lendemain matin, l’ophtalmologiste l’a contactée pour lui demander si elle avait déjà passé son IRM.

Elle ne l’avait pas encore fait, ne réalisant pas qu’elle devait subir l’examen aussi rapidement. Tracy a alors obtenu un rendez-vous pour passer une IRM le jour même.

« Si l’ophtalmologiste n’avait pas appelé, je n’aurais pas passé l’IRM », dit-elle.

Elle a quitté le chalet, a passé son IRM et est retournée au chalet en voiture. Alors que ses amis profitaient d’un feu de camp en soirée, Tracy s’est rendu compte qu’elle avait manqué un appel de l’ophtalmologiste.

« Je savais qu’il n’appelait pas à 22 h 45 un samedi soir juste pour dire : «Salut» », dit Tracy.

Prochaines étapes

Tracy LeipsicLe lendemain matin, Tracy a reçu un autre appel de l’ophtalmologiste qui lui a annoncé qu’elle avait une grosse tumeur hypophysaire probablement bénigne. Bien que soulagée d’apprendre qu’il n’y avait pas d’anévrisme, compte tenu des antécédents familiaux d’anévrisme, Tracy a été informée que sa tumeur était nettement plus volumineuse que l’espace disponible.

Alors qu’elle attendait un appel de suivi de la part de la clinique de neurochirurgie, Tracy a essayé d’éviter de faire ses propres recherches. Elle s’est tenue occupée en se consacrant à sa famille, car deux de ses enfants étaient chez elle à ce moment-là. Son mari, qui devait s’envoler pour Miami afin d’assister à la remise des diplômes d’une de leur fille le lendemain, hésitait à partir loin de Tracy.

« J’ai dit : «C’est son diplôme de maîtrise et elle reçoit le prix d’excellence du doyen» », se souvient Tracy. « Tu y vas. »

Tracy souligne l’ironie de la situation : leur fille, Serena, allait recevoir son diplôme en neurosciences et en comportement du cerveau, seulement trois jours après qu’elle eut reçu un diagnostic de tumeur cérébrale.

« Nous plaisantons maintenant en disant qu’il est clair que nous savions qu’elle allait s’ennuyer, après avoir obtenu cette maîtrise », dit Tracy, « alors j’ai eu une tumeur cérébrale pour la tenir occupée ».

Lorsque Richard est rentré à la maison après la remise des diplômes, le mercredi, Tracy et lui ont commencé à annoncer à leur famille que Tracy était atteinte d’une tumeur.

« Ma vision se détériorait assez rapidement », dit Tracy. « J’ai connu de nombreuses microdéficiences. La tumeur s’est développée si rapidement que mon corps a eu du mal à s’adapter à la situation. »

Son rendez-vous à la clinique de neurochirurgie était fixé au jeudi, soit une semaine exactement après son examen de la vue.

« Je pensais qu’une consultation signifiait : «Oh, nous allons expliquer ceci, et voici le plan pour les semaines ou les mois à venir» », dit Tracy.

On lui a dit qu’elle était atteinte d’une tumeur hypophysaire non sécrétante de près de trois centimètres qui comprimait son nerf optique et son artère carotide. On lui a aussi dit qu’elle serait immédiatement admise à l’hôpital, où elle subirait des examens complémentaires et une intervention chirurgicale pour retirer sa tumeur dès que possible.

« Ils m’ont dit : «En ce moment, nous vous opérons pour vous sauver la vie, alors que si nous attendions, l’opération serait peut-être davantage axée sur la préservation de votre qualité de vie» », dit Tracy. « J’ai vraiment fait confiance au processus. Je n’ai pas eu le temps de discuter pour savoir si c’était la bonne décision. »

Chirurgie et convalescence

Tracy décrit le chaos dans lequel elle s’est retrouvée au cours des heures qui ont suivi, entre la nécessité de devoir prévenir son employeur et celle de mettre à jour ses directives de soins de santé, alors que son fils devait aller chercher sa fille à l’aéroport parce qu’elle rentrait chez eux ce jour-là.

« Il se trouve que c’était le jour de son retour à la maison, après cinq ans d’absence », dit Tracy en riant. « En tant que parent, j’ai fait ça quand tout le monde était à la maison. »

Le lendemain, elle a subi une chirurgie transsphénoïdale (par le nez) qui a duré cinq heures et qui s’est assez bien déroulée. La majeure partie de la tumeur a été enlevée, mais une petite partie autour de l’artère carotide a été laissée en place.

Tracy a été apaisée par la présence d’un bon ami, un anesthésiste, qui est passé la voir avant et peu après son opération. Le chirurgien venait d’appeler son mari pour lui donner des nouvelles, lorsque son ami lui a aussi passé un coup de fil pour lui faire part de nouvelles cette fois plus personnelles.

« Il lui a dit : «Hé, je veux juste que tu saches que ta femme a l’air en pleine forme» », se souvient Tracy. « Richard ne pouvait pas être là, car c’était après les heures de visite, alors nous nous sommes dit que nous avions de la chance que notre bon ami ait fait ça. » Personne ne lui avait demandé de le faire. C’était vraiment très gentil de sa part ».

Le lendemain matin, Richard et ses enfants ont pu rendre visite à Tracy à tour de rôle.

« À midi, j’ai commencé à avoir l’impression qu’un 747 était posé sur ma tête », raconte Tracy. « Je n’avais jamais ressenti une telle douleur de ma vie. Je ne pouvais pas ouvrir les yeux à la lumière. Les médecins ont expliqué que, parce que le nerf optique et l’artère carotide avaient été comprimés, le sang pouvait maintenant circuler, ce qui me donnait l’impression d’avoir une crampe musculaire qui s’était relâchée. »

Sa douleur s’est progressivement transformée en inconfort, qui, selon elle, était gérable. Elle ne pouvait pas se coucher complètement et devait prendre son temps lorsqu’elle passait de la position assise à la position debout. Elle décrit la lumière et le mouvement comme étant « accablants » pour elle, et ajoute que des activités simples comme la marche étaient difficiles.

« C’était étrange pour moi d’avoir été en mesure de m’entraîner quelques semaines plus tôt, alors que là, je ne pouvais pas marcher 15 mètres sans avoir l’impression que je venais de courir un marathon », raconte-t-elle.

Tracy a tenu un journal détaillant son expérience, où elle a noté ses impressions deux semaines après l’opération.

« J’ai recouvré la vue, mais je suis ridiculement sensible à la lumière », a-t-elle écrit. « Mon équilibre est revenu, mais il n’est pas stable. J’ai l’impression que ma tête a une mauvaise connexion Wi-Fi avec de légères interruptions si je bouge trop vite, mais malgré tout, je suis vraiment reconnaissante d’être en vie et de me rétablir. »

Une nouvelle normalité

Tracy LeipsicEn se reposant suffisamment et s’accordant le temps de se rétablir dans son endroit préféré, le chalet, Tracy a pu retrouver ce qu’elle appelle sa « nouvelle normalité ».

Son niveau d’énergie n’est plus ce qu’il était. Elle a des problèmes de mémoire et souligne que sa passion pour la lecture a dû être reléguée au second plan pendant sa convalescence, car elle oublie ce qu’elle a lu après seulement quelques pages. Son odorat et son goût ne sont plus ce qu’ils étaient, ce qui a nécessité des suivis auprès d’un chirurgien de l’oreille, du nez et de la gorge (ORL). Elle a également souffert de nausées, en particulier en présence de lumières clignotantes, ainsi que de stress et de maux de tête qui surviennent lorsqu’elle essaie de faire trop de choses à la fois.

« Je pense que c’est trompeur parce que j’ai l’air bien, mais je ne vais pas bien », dit Tracy. « C’est étrange de voir à quel point mon corps est plus sensible à mon environnement et à quel point je dois être à l’écoute de mon corps pour me rétablir de façon optimale. »

Elle a fait de la rééducation dans une salle de sport, ce qui a ramené un peu de normalité dans sa vie.

« Retrouver mon sens de l’équilibre et ma force physique m’a aidée », dit Tracy. « Cela m’a aidée physiquement, mais aussi émotionnellement. »

Tracy parvient aussi à trouver un équilibre de différentes manières. Elle apprend à gérer les heures de la journée où elle a de l’énergie pour accomplir ses tâches, aller à ses séances de sport et accomplir son travail, ainsi que le temps qu’elle passe avec sa famille et avec celle qu’elle appelle sa « diva de labrador chocolat », Bailey, tout en prenant le temps nécessaire pour se rétablir.

« L’une des plus grandes leçons de vie que j’essaie d’appliquer est celle d’être bienveillante envers moi-même et envers mon processus de rétablissement. »

Une autre leçon qu’elle a tirée de cette expérience? Fiez-vous à votre instinct.

« N’hésitez pas à vous occuper de votre santé », dit Tracy, « et si vous pensez que quelque chose ne va pas, agissez en conséquence. Si j’avais hésité ne serait-ce qu’un instant et que je n’avais pas rappelé l’optométriste pour lui demander si je pouvais la voir dans les jours suivants, tout serait différent. »

Apprendre à vivre avec la situation

Heureusement, la partie restante de la tumeur de Tracy ne cause pas d’autres problèmes pour l’instant. Une récente IRM a montré qu’elle était « bien assise autour de l’artère carotide », explique Tracy.

« J’apprends tout juste à vivre avec une tumeur, l’anxiété qui en découle et le traumatisme d’une intervention neurochirurgicale urgente pour me sauver la vie », ajoute-t-elle.

Ne connaissant pas les tumeurs cérébrales avant de vivre sa propre expérience, Tracy est entrée en contact avec la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales pendant son rétablissement, alors qu’elle était à la recherche de ressources et d’une communauté.

« Je me suis sentie désemparée face à ce changement soudain dans ma vie, mais je n’ai ressenti que du soutien et du réconfort de la part de la Fondation, sous tous ses aspects », dit-elle. « Cela aide de savoir que nous ne sommes pas seuls dans ce parcours insensé. Si le fait de raconter nos témoignages apporte du réconfort à une seule autre personne, alors tout cela en vaut la peine. »

Tracy tient à remercier ceux qui l’ont aidée tout au long de son parcours :

Je suis extrêmement reconnaissante envers le personnel extraordinaire de la salle de sport RINK Testify Performance, où les entraîneurs et le système d’élaboration des programmes suivent vos séances d’entraînement quotidiennes. Si je n’avais pas pu constater la diminution de mes charges pondérales, je ne sais pas si j’aurais réagi aussi rapidement.

Je tiens à remercier mon optométriste, la Dre Caitlynn Keech d’Oakley Optical. Son empressement à me recevoir, alors que je ne me sentais pas dans mon assiette, a été apprécié. Elle a insisté pour que je subisse immédiatement un examen ophtalmologique, et heureusement qu’elle l’a fait.

Merci au Dr John Van Der Zweep du Centre d’excellence en soins oculaires du Centre de santé Misericordia pour l’examen approfondi qu’il m’a fait passer le lendemain de mon rendez-vous chez l’optométriste et pour son attitude calme et réconfortante, car il est apparu clairement au cours de l’examen que quelque chose n’allait pas du tout. Cela n’a pas dû être facile pour lui de m’appeler si rapidement après mon IRM pour m’annoncer une terrible nouvelle, mais il a pris le temps de m’expliquer les choses et de me rassurer.

J’aimerais également remercier tous les membres de la clinique de neurochirurgie du Centre des sciences de la santé. Ils ont fait preuve d’une aide exemplaire tout au long de mon parcours.