Apprendre une nouvelle façon de vivre
Meegan Campbell entamait une nouvelle aventure en tant que mère célibataire, découvrant la vie avec son fils de six mois, Dallas. Elle avait pris un congé de maternité de son travail d’enseignante au secondaire, spécialisée en enseignement coopératif.
« Mon rôle consistait à aider les étudiants à trouver des stages dans la communauté », explique Meegan, « et à les superviser pendant leur stage ».
Cela faisait 14 ans qu’elle était enseignante, bien qu’elle ait consacré trois de ces années à l’enseignement coopératif.
« J’ai vraiment l’impression que je commençais à m’épanouir », dit-elle.
Des symptômes au diagnostic
Meegan a commencé à souffrir de maux de tête et à sentir des odeurs étranges, ce qu’un médecin d’une clinique sans rendez-vous a attribué à une infection des sinus. On lui a prescrit des antibiotiques et on l’a laissé partir.
Comme les maux de tête persistaient, Meegan a pris rendez-vous avec son médecin de famille. Il a pensé qu’elle souffrait peut-être de migraines, mais il trouvait inhabituel qu’elle ne commence à en avoir qu’à l’âge de 39 ans. Le médecin a donc envoyé Meegan pour qu’elle passe une tomodensitométrie (CT scan).
« Je me souviens de chacune des minutes où je marchais dans l’hôpital en me disant : «Ça va bien. Il ne se passe rien d’inhabituel,» » dit Meegan. « La chanson de Tim McGraw, Live Like You Were Dying, passait à la radio à ce moment-là. Je n’ai pas été capable de l’écouter depuis. »
Au milieu de sa tomodensitométrie, Meegan a appris qu’il fallait utiliser un produit de contraste.
Le terme « contraste » désigne une substance prise par voie orale ou injectée par voie intraveineuse qui permet de voir plus clairement un organe ou un tissu particulier.
« J’ai dit : «Nous ne pouvons pas utiliser de produit de contraste parce que j’allaite encore mon fils» », se souvient Meegan.
Elle a terminé la tomodensitométrie comme prévu et on lui a indiqué de prendre rendez-vous avec son médecin pour le suivi de l’examen.
Nerveuse à l’idée que quelque chose d’anormal ait été décelé, Meegan s’estime chanceuse d’avoir reçu ses résultats rapidement.
« La manière dont le médecin m’a annoncé la nouvelle était probablement la manière la plus gentille et la plus calme que j’aurais pu imaginer pour apprendre que j’étais atteinte d’une tumeur cérébrale », confie Meegan. « Si j’avais dû attendre plus longtemps, j’aurais été complètement désemparée. »
Meegan a reçu le diagnostic d’un macroadénome hypophysaire non malin, qui avait pris naissance derrière son nez et s’était propagé à ses nerfs optiques et à une artère carotide.
Un changement inattendu
« Je ne connaissais rien aux tumeurs cérébrales », dit-elle. « J’avais fait de nombreuses recherches sur «Dr Google», mais je ne connaissais personne qui avait déjà été atteint d’une tumeur cérébrale. Être une mère célibataire en congé de maternité, et découvrir que j’avais une tumeur cérébrale a été difficile. »
Meegan a dû se concentrer sur sa propre santé tout en s’occupant de son jeune bébé.
« Je pense que cela a injustement marqué la première année de la vie de mon fils, parce que j’étais préoccupée par ma santé. J’ai peut-être passé plus de temps à mes rendez-vous qu’à simplement savourer ses premiers moments de bébé », dit-elle.
Meegan a subi une chirurgie transsphénoïdale, c’est-à-dire une chirurgie pratiquée par le nez et le sinus sphénoïde pour retirer les tumeurs de l’hypophyse.
« Cela a relativement bien réussi », dit Meegan. « J’ai continué à conduire, à travailler, à vivre seule, à m’occuper de mon fils, à voyager et à faire toutes les choses normales. »
Chaque année, elle passait des examens IRM pour suivre l’évolution de son état, qui était satisfaisant jusqu’à quatre ans après l’intervention chirurgicale.
« Mon endocrinologue m’a appelée et m’a dit : «Nous recommandons les traitements de radiothérapie, car votre tumeur prend une taille qui nous inquiète» », raconte Meegan.
Meegan était réticente à l’idée de subir des traitements de radiothérapie en raison des effets secondaires potentiels. Guidée par les conseils prodigués par son neurochirurgien, elle a opté pour une craniotomie. Cette opération consiste à retirer une partie du crâne afin d’exposer le cerveau et d’enlever autant de la tumeur que possible.
Meegan a appris qu’elle avait été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) à la fin de l’opération, ce qui l’a conduite dans l’unité de traitement des AVC de l’hôpital. Elle a été hospitalisée pendant 77 jours, sans pouvoir recevoir la visite de ses amis ou des membres de sa famille, car cela s’est produit pendant le confinement de COVID-19.
Le chemin de la guérison
Une fois sortie de l’hôpital, Meegan avait un long chemin à parcourir pour se rétablir de son AVC. Elle et son fils ont emménagé chez ses parents. Elle se concentrait sur les traitements d’ergothérapie et de physiothérapie, le recouvrement de sa mémoire et la découverte de nouveaux passe-temps.
« Mes parents vivent hors de la ville et ils ont toutes sortes de mangeoires pour les oiseaux », explique Meegan. « Je n’avais pas grand-chose à faire, alors je prenais le temps d’observer les oiseaux et de visiter les mangeoires, puis j’ai pris mon appareil photo et j’ai commencé à prendre des photos ».
La nouvelle passion de Meegan pour la photographie l’a amenée à suivre des cours de photographie en ligne, ainsi que des cours de décoration d’intérieur.
« Je fais des choses qui m’intéressent, parce que les cours sont gratuits et que je n’ai rien à préparer en vue du retour au travail », dit-elle.
L’avenir professionnel de Meegan en tant qu’enseignante est encore inconnu, car elle est confrontée à des troubles cognitifs et à l’incapacité de conduire. Pourtant, elle accepte ce changement avec sérénité, le considérant comme sa nouvelle réalité.
« Suivre des cours me permet d’utiliser à nouveau l’ordinateur, ce qui est difficile, car je ne peux plus taper comme avant », explique Meegan. « Cela m’amène à faire des choses qui sont frustrantes, mais nécessaires. Parce que parfois, quand les choses deviennent trop difficiles, je m’arrête tout simplement de les faire maintenant, ce qui ne correspond pas à mon ancienne personnalité, mais à ma nouvelle personnalité. Cela me fait du bien de traverser des épreuves et de continuer à me mettre au défi. »
Une partie du défi qu’elle s’est lancé a consisté à faire de petits pas pour retrouver son indépendance.
« J’ai travaillé tellement fort toute ma vie pour acheter une maison, avoir un emploi et acheter une voiture, et puis je n’ai pas pu en profiter », dit-elle.
Meegan a fait pression sur ses conseillers en réadaptation, qui l’ont aidée à retrouver un peu de la normalité à laquelle elle aspirait depuis longtemps.
« Après mon fils, la guérison de mon AVC est la réalisation dont je suis la plus fière », déclare Meegan.
« Je me suis dit qu’il fallait que je montre à mon fils à quoi ressemble la force. »
Retrouver son indépendance
Aujourd’hui, Meegan vit de nouveau seule. Son fils, qui a maintenant 10 ans, vit avec elle les fins de semaine et avec ses parents pendant la semaine. Comme Meegan est dans l’incapacité de conduire, ses parents prennent également en charge ses déplacements si nécessaire.
Meegan passe toujours des IRM chaque année, mais elle n’a plus de rendez-vous avec son neurochirurgien.
« Ma tumeur ne montre aucun signe de croissance réelle », dit Meegan, « nous observons donc la situation de façon vigilante, comme on dit. »
Elle participe à un groupe de soutien virtuel par l’intermédiaire de la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales et aimerait un jour apporter son soutien à d’autres personnes ayant connu des problèmes liés au cerveau.
« Quand je reprendrai le travail, j’aimerais travailler avec des étudiants qui ont subi des commotions cérébrales ou des lésions cérébrales traumatiques », dit Meegan, « ou défendre les droits des personnes souffrant de lésions cérébrales. »
Meegan souhaite également s’attaquer à la question de l’accessibilité.
« Je pense que certains endroits souffrent d’un manque d’accessibilité », déclare-t-elle. « Beaucoup de gens n’y pensent pas. Je n’y prêtais pas attention. Quand je pouvais marcher et faire tout ce que je souhaitais normalement, cela ne m’a jamais frappé : «Oh, il n’y a pas de rampe à côté de ces marches». Mais maintenant, oui. »
Elle a commencé à pratiquer le yoga et suit des cours hebdomadaires dans le cadre de son rétablissement. Elle aimerait aussi voyager à nouveau.
« Ma famille partait en voyage pendant les vacances de mars et la période de Noël », dit Meegan, « alors j’aimerais renouer avec cette tradition. »
Son fils est une importante source d’inspiration pour son envie de voyager, compte tenu de ses centres d’intérêt.
« En ce moment, Dallas est complètement fasciné par la géographie canadienne, alors j’aimerais lui faire découvrir certaines des choses dont il parle », raconte Meegan.
Un solide réseau de soutien
Meegan attribue à son fils, à ses parents et à son cercle d’amis proche le mérite de l’avoir aidée à se remettre sur pied, au sens propre comme au figuré.
« Lors de ma première intervention chirurgicale avant la COVID, mes amis venaient pendant leurs vacances d’été pour garder mon fils, afin que mes parents puissent me rendre visite à l’hôpital », raconte Meegan. « Je leur en suis éternellement reconnaissante, car c’était leurs vacances d’été, et ils les ont sacrifiées pour moi et ma famille. »
En se rappelant comment ses amis ont appris qu’elle était atteinte d’une tumeur cérébrale, Meegan ne peut s’empêcher de rire.
« Je n’avais pas vraiment parlé ouvertement de ce qui se passait », explique Meegan. « Nous étions au restaurant, avant d’aller voir un concert de Jason Aldean. J’étais assise, je regardais mes trois amis et je leur ai dit : «Hé, j’ai quelque chose à vous dire». Ils pensaient que j’allais leur annoncer que je sortais avec quelqu’un. Non, c’était un autre genre de nouvelles. »
Le fait d’annoncer à ses amis qu’elle était atteinte d’une tumeur cérébrale a « changé le cours de la soirée », dit Meegan, mais elle leur est reconnaissante d’être restés à ses côtés tout au long de cette épreuve.
« Je ne sais pas où je serais sans eux », déclare Meegan, ajoutant qu’elle tient à remercier ses amis pour leur patience et leur soutien sans faille au fil des ans.
Ses amis, qui sont également enseignants, ont confectionné un t-shirt à Meegan pour lui témoigner leur soutien pendant qu’elle était à l’hôpital, et ont inventé le nom de groupe Campbell’s Cranium Crew (l’équipe du crâne de Campbell). Un autre groupe de collègues a organisé un « train de repas » pour fournir des repas à la famille de Meegan, tandis que d’autres amis ont apporté leur aide en effectuant des travaux saisonniers autour de la maison de Meegan et en proposant de la conduire en cas de besoin.
« Les enseignants font ce genre de choses », dit Meegan. « Les enseignants sont des personnes hors du commun. »
S’ils sont comme Meegan, c’est assurément le cas.
Elle a récemment été confrontée à un autre problème de santé, puisqu’elle a appris qu’elle devait subir une opération à la vésicule biliaire.
« Je n’aime pas trop les opérations chirurgicales », explique Meegan, « mais celle-ci ne sera pas trop invasive. Ils ne vont pas m’ouvrir le crâne – du moins, je l’espère. »
Son opération semble s’être bien déroulée. Malgré l’anxiété qu’elle a ressentie, elle a trouvé des moyens de se préparer pour le jour de l’opération et s’est depuis rétablie en douceur.
Grâce à son humour et à un solide réseau de soutien, Meegan continue de voir le positif et de relever les défis qui se présentent à elle, un pas à la fois.