Restez informé!

Inscrivez-vous
à notre infolettre.

Traverser la tempête

  le 05 août, 2025

Kayla Krahn vient de rentrer après avoir fait son jogging, suivie de près par son fils de quatre ans, Ben, qui sautille joyeusement derrière elle. En santé et active, Kayla a survécu à une tumeur cérébrale qui a complètement bouleversé sa vie il y a quelques années à peine.

« Je me souviens de ce jour comme si c’était hier », confie-t-elle à propos du moment où elle a appris que quelque chose n’allait vraiment pas.

C’était le 8 juillet 2022 lorsque le fournisseur de services de télécommunications Rogers Communications a connu une panne majeure à l’échelle nationale.

« Les téléphones ne fonctionnaient pas, les courriels ne fonctionnaient pas non plus, et les gens paniquaient », se souvient-elle. « C’est ce jour-là que je suis allée chez mon optométriste, car depuis deux semaines, je souffrais de migraines avec aura et ma vision empirait de jour en jour. Je ressentais aussi un engourdissement du côté droit. »

Jusqu’à ce moment-là, elle avait minimisé les choses.

« Je mettais ça sur le compte de la fatigue normale d’une maman », dit-elle. « Il y avait également une vague de chaleur à cette période et les migraines étaient fréquentes dans ma famille, alors je n’y ai pas trop prêté attention. »

Le suspens de l’attente

La mère de Kayla l’a vivement encouragée à consulter un optométriste en raison de ses problèmes de vision. Heureusement, l’optométriste a eu une annulation et a pu recevoir Kayla immédiatement.

L’optométriste a remarqué un gonflement important du nerf optique de Kayla et l’a envoyé consulter un ophtalmologiste. Kayla, originaire de Steinbach, au Manitoba, a fait une heure de route jusqu’à Winnipeg, où un ophtalmologiste l’a reçue après ses heures de travail.

« C’est là que j’ai compris que c’était grave », dit-elle.

L’ophtalmologiste a alors dit à Kayla qu’elle devait consulter un neurologue. Comme c’était un vendredi soir, il a informé Kayla qu’elle devait se rendre dès le lendemain matin aux urgences du Centre des sciences de la santé de Winnipeg.

« Il m’a dit : « Je suis désolé, mais il y aura de l’attente, alors préparez-vous » », se souvient-elle. « J’ai apporté un livre et de la musique, et j’y suis allée seule en voiture, ce que je n’aurais pas dû faire, mais je l’ai fait quand même, parce que c’est dans ma nature. »

Comme prévu, Kayla a attendu toute la journée, consultant d’abord un médecin aux urgences avant d’être orientée pour passer une tomodensitométrie à 18 h le soir même. On lui a dit qu’elle ne pouvait pas rentrer chez elle, car la tomodensitométrie avait révélé la présence d’une grosse masse dans son cerveau, qui s’est avérée être un épendymome de bas grade.

« Je n’avais même pas envisagé la possibilité d’une tumeur cérébrale », dit-elle. « Pour moi, cela semblait beaucoup trop dramatique. C’est pourquoi j’ai été prise au dépourvu, comme si le sol s’était dérobé sous mes pieds. »

« Je savais dans quoi je m’embarquais. »

Ce lundi-là, elle a passé une IRM et a rencontré le neurochirurgien qui allait l’opérer.

« Lorsque le médecin est venu me voir pour tout m’expliquer, je lui ai en quelque sorte demandé de passer cette partie », dit-elle. « C’est une chirurgie du cerveau et c’est une grosse tumeur. Je savais dans quoi je m’embarquais. »

En revanche, elle ne s’attendait pas à l’angoisse liée aux cinq jours d’attente précédant son opération ni aux séquelles liées à sa craniotomie de 12 heures et à la résection totale.

Le fait d’avoir été sous anesthésie pendant aussi longtemps, combiné aux puissants analgésiques qui lui ont été administrés après l’opération, l’a entraînée dans un état de délire aux soins intensifs. Cette affection se manifeste par un changement soudain de l’état mental, pouvant entraîner de la confusion, des difficultés de concentration et des troubles cognitifs, avec des symptômes dont l’intensité peut varier.

« Ma famille s’inquiétait pour moi », dit-elle. « Ils se sont dit : « Est-ce qu’elle sera toujours comme ça, maintenant ? » »

Heureusement, explique Kayla, cet état n’a duré que les cinq jours où elle a été hospitalisée après l’opération, même si on lui a administré un médicament antipsychotique vers la fin pour soulager ses symptômes. Elle s’en souvient très bien, affirmant que cela a été le pire moment de son expérience.

Radiothérapie et résilience

Elle s’est bien rétablie et a pu renouer avec son passe-temps favori, la course à pied, trois mois plus tard. Malheureusement, en 2024, Kayla a appris que sa tumeur avait recommencé à se développer. Elle a subi 33 séances de radiothérapie, déterminée à continuer à courir tout au long de son traitement.

« L’oncologue m’avait prévenue que les effets secondaires de la radiothérapie pourraient se manifester un peu plus tard, mais je me suis dit que ce ne serait pas si grave », raconte-t-elle. « Et puis, ça m’a frappée plus tard. »

Elle a dû interrompre ses entraînements pendant sa convalescence, mais elle s’est remise à courir depuis. En mai 2024, elle a même terminé la course « Suffer on Centennial » de 50 km organisée par Trails of Toba.

« Courir est devenu à la fois ma thérapie et mon acte de résistance. C’est ma façon de repousser la peur, la fatigue et tout ce que le cancer a tenté de me voler. »

« Certains jours, je cours pour me sentir forte », dit-elle. « D’autres jours, je cours simplement pour me sentir à nouveau normale. Dans tous les cas, cela me rappelle que je suis toujours là, que je continue d’avancer, un pied devant l’autre. »

Reprendre le cours normal de sa vie

Kayla accepte toutefois de ralentir le rythme pour une bonne cause. Elle a participé aux Marches des tumeurs cérébrales des dernières années et à la Marche des tumeurs cérébrales de Winnipeg de cette année, où elle s’est rendue directement après son dernier examen d’IRM.

Elle passe désormais une IRM tous les trois mois et reprend peu à peu le cours normal de sa vie. Elle et son mari, Delmer, ainsi que leur fils, Ben, aiment passer du temps à l’extérieur, camper et voyager. Elle prend également soin des animaux de compagnie de la famille, qui ont tous deux un lien avec ses films préférés.

Leur chat s’appelle Russell, en hommage au petit garçon du film de Disney Là-haut, tandis que leur golden retriever représente l’un des rêves d’enfance qu’elle a pu réaliser.

« L’Incroyable voyage était mon film préféré quand j’étais petite », dit-elle. « J’ai toujours dit que, quand je vivrais seule, j’aurais un golden retriever. »

« Mon mari le tolère », poursuit-elle en riant, « mais c’est mon chien ».

Sa bouée de sauvetage

Sa famille l’a aidée à traverser les moments difficiles, la soutenant même lorsqu’elle n’avait plus la force de continuer.

« Ils sont ma bouée de sauvetage », dit-elle. « Je dois me lever. Je dois bouger. Je ne peux pas rester au lit toute la journée. Je dois m’occuper de mon fils. Je dois sortir le chien. C’est le chaos, mais dans le bon sens du terme. »

Elle se dit aussi pleine de gratitude pour les amitiés nouées en cours de route, avec des personnes qui l’ont accompagnée dans ses périodes les plus difficiles. Elle s’est fait des amis incroyables grâce à la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales et aux médias sociaux. Elle a même rejoint un groupe de discussion appelé « BT girls ».

« Cela m’a sauvé la vie, car avant cela, je ne connaissais personne qui avait une tumeur cérébrale », explique Kayla. « Et maintenant, j’ai plein d’amis atteints d’une tumeur cérébrale. »

Le conseil de Kayla à toute personne qui vient de recevoir un diagnostic est de sortir de sa coquille et de trouver d’autres personnes qui mènent un combat similaire.

« Nous avons tous une histoire différente », dit-elle, « mais nous sommes tous liés. »

Fondation canadienne des tumeurs cérébrales
Privacy Overview

This website uses cookies so that we can provide you with the best user experience possible. Cookie information is stored in your browser and performs functions such as recognising you when you return to our website and helping our team to understand which sections of the website you find most interesting and useful.