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Relever le défi

  le 15 janvier, 2025

Rares sont ceux qui peuvent affirmer avoir représenté leur pays sur la scène internationale, là où ils ont pu démontrer leurs performances athlétiques exceptionnelles. Ou encore, qu’ils ont réalisé cet exploit tout en étant malvoyants, une séquelle permanente d’une tumeur cérébrale qui a nécessité deux interventions chirurgicales, tout en poursuivant des études universitaires avec une attitude positive.

Faites la connaissance d’Ashlyn Renneberg, cette jeune femme de 19 ans originaire de Saskatoon, en Saskatchewan, qui a établi un record canadien en franchissant une distance de 31,48 mètres au javelot lors d’une épreuve du Grand Prix mondial d’athlétisme paralympique (WPA) en Suisse en juin dernier, avant de poursuivre sa route vers les Jeux paralympiques de Paris 2024.

Ashlyn a toujours été sportive, pratiquant dès son plus jeune âge des sports tels que le hockey-balle, le softball, le volley-ball et le basket-ball. Elle a dû faire une pause lorsqu’elle s’est cassé le bras en jouant au softball, au cours de l’été précédant son entrée en 8e année (secondaire 2).

« Tout au long de cet été-là, j’ai progressivement perdu la vue », raconte Ashlyn. « Je ne m’en étais pas rendu compte à l’époque, parce que je ne faisais pas de sport comme d’habitude ».

Remarquer un changement

Ashlyn RennebergDès qu’elle a pu recommencer à faire du sport, Ashlyn a participé à un match de volley-ball récréatif avec des amis. Elle a été frappée au visage par un ballon de volley-ball qu’elle n’avait même pas vu arriver.

« Mes amis m’ont dit : «Pourquoi t’as pas vu le ballon arriver sur toi?» » se souvient Ashlyn. « En l’espace de trois jours, j’avais été dans une clinique sans rendez-vous, une clinique d’ophtalmologie, puis à l’hôpital. C’est à ce moment-là que j’ai appris qu’il fallait que je me fasse opérer immédiatement ».

Les médecins ont découvert une tumeur subépendymaire, c’est-à-dire une tumeur non maligne qui se développe à partir de la paroi ventriculaire et s’étend aux cavités cérébrales où circule le liquide cérébrospinal. Cela a provoqué une infiltration de liquide cérébrospinal dans le nerf optique d’Ashlyn, ce qui a affecté sa vision. Elle a perdu toute vision de l’œil droit et n’a plus qu’une vision minimale de l’œil gauche.

Elle a subi sa première intervention chirurgicale à l’âge de 13 ans, au cours de laquelle sa tumeur cérébrale a été enlevée avec succès. Peu de temps après, cependant, une nouvelle infiltration de liquide cérébrospinal s’est produite, ce qui l’a contrainte à subir une seconde intervention chirurgicale.

« Un mois environ après ma deuxième opération, j’ai eu une sortie scolaire, avec de la baignade et de l’escalade au programme », raconte Ashlyn. « Je tenais vraiment à y aller, et les médecins m’ont dit qu’ils n’avaient aucune objection. Un mois après cette intervention, j’étais de nouveau active, ce qui n’avait pas été le cas après la précédente. »

Essayer quelque chose de nouveau

Un an et demi après sa deuxième intervention chirurgicale, et pendant la pandémie de COVID-19, Ashlyn a commencé à faire de l’athlétisme.

« Je faisais surtout des sprints et des courses à l’extérieur, parce que nous ne pouvions pas faire grand-chose à l’époque », explique-t-elle. « Lorsque les restrictions ont commencé à être levées, mon entraîneur m’a dit : «Hé, tu crois que tu peux lancer des trucs en l’air?» » C’est alors que j’ai dit que je jouais au softball et qu’il m’a parlé du javelot. J’ai pensé : « Ouais, je peux le faire. »

Grâce à son expérience sportive antérieure, Ashlyn a pu passer à l’étape suivante.

« J’ai ce handicap à cause de mon opération, et je me suis dit : pourquoi ne pas être reconnue comme une athlète ayant un handicap? »

« J’ai eu la chance d’aller en Suisse en juin, puis je me suis qualifiée pour les Jeux paralympiques », explique Ashlyn.

Un rêve devenu réalité

Ashlyn RennebergAshlyn s’est rendue à Paris, en France, en août 2024, et s’est classée septième pour ses débuts paralympiques, soit deux places au-dessus de son classement avant l’événement.

« C’était comme un rêve », raconte Ashlyn, à propos de son expérience paralympique. « C’était quelque chose qui me trottait dans la tête depuis mon enfance. »

« Lorsque vous regardez quelqu’un aux Jeux olympiques, vous vous dites : «Wow, je veux être exactement comme lui». Et puis, avoir la chance d’être cette personne et que les enfants se disent : «Je veux être comme elle», c’est une sensation incroyable ».

La prochaine étape pour Ashlyn sera le Grand Prix WPA à Dubaï en 2025, suivi des Championnats WPA à New Delhi, et, espérons-le, des Jeux paralympiques d’été à Los Angeles en 2028.

Et, bien entendu, tout en continuant à vivre sa vie d’étudiante.

Ashlyn étudie les arts et les sciences à l’Université de Saskatchewan, avec un intérêt particulier pour les neurosciences. Elle espère approfondir sa compréhension de son expérience liée à la tumeur cérébrale, en précisant qu’elle est la plus jeune des 14 personnes à avoir reçu un diagnostic de tumeur subépendymaire, et qu’elle est aussi celle qui a la meilleure vision parmi elles.

« Il y a tellement de gens qui ne saisissent pas l’ampleur de la neurologie », confie-t-elle, « notamment comment cela peut affecter tous les aspects de votre vie. »

« Notre cerveau est le centre névralgique de notre corps », poursuit-elle. « J’adorerais enseigner les fonctions cognitives et la psychologie qui leur est liée. C’est la voie vers laquelle j’espère me diriger. »

Surveillance des symptômes

Ashlyn RennebergHeureusement, l’état de santé d’Ashlyn est stable depuis sa deuxième opération. Elle a un kyste pinéal près de son cervelet que les médecins gardent à l’œil, mais ses rendez-vous de suivi ont été espacés, passant de tous les trois, à six mois, à une fois par an.

Elle doit encore rester attentive à ses symptômes, en particulier à ceux qui pourraient indiquer qu’elle souffre à nouveau d’hydrocéphalie. Les médecins l’ont avertie que ses symptômes pourraient être moins perceptibles en cas de récidive, comme une incapacité à effectuer des mouvements oculaires, plutôt que les pupilles dilatées observées auparavant.

Faire confiance au processus

Aux personnes qui vivent une situation similaire, Ashlyn conseille de faire confiance au processus.

« Je pensais que ce qui m’arrivait était la pire chose au monde », raconte Ashlyn. « Je ne pensais pas vraiment qu’un jour, ce serait juste un souvenir. Ça fait presque sept ans que j’ai reçu le diagnostic, et je suis tellement plus forte qu’avant. »

En repensant à sa persévérance et à son cheminement, Ashlyn souligne : « Il s’agit avant tout d’avoir confiance en ce que l’on peut accomplir. J’espère que les gens me regarderont et se diront : «Elle peut le faire. Je peux le faire aussi.» »