
Une entrepreneure et une battante : le parcours de Laura contre une tumeur cérébrale
En 2017, Laura Thompson, 24 ans, vivait son rêve : elle venait de cofonder une entreprise de soins naturels pour la peau, aujourd’hui connue sous le nom de Three Ships.
Elle croyait avoir de simples malaises passagers, durant lesquels, pendant 10 à 15 secondes, elle ressentait une forte dissociation entre son esprit et son corps.
« Tout d’un coup, j’avais l’impression de ne pas être vraiment là », explique-t-elle. « J’étais encore consciente pendant ces moments-là, mais je n’étais pas capable de parler ni de répondre à quelqu’un. »
C’est lors d’une visite en Colombie-Britannique pour voir sa famille que sa mère, médecin de famille, a été témoin d’un tel malaise chez Laura. Inquiète, elle a écrit une lettre au médecin de famille de Laura à Toronto pour lui expliquer ce qu’elle avait vu.
En quête de réponses
Le médecin de Laura l’a ensuite orientée vers un neurologue, qui lui a fait passer une série d’examens, sans toutefois être convaincu qu’il y ait lieu de s’inquiéter. Estimant qu’elle était jeune et en bonne santé, il a attribué ses malaises à des facteurs tels que le stress ou un manque de sommeil.
« J’ai passé une semaine entière dans l’unité de surveillance de l’épilepsie, envoyant des courriels depuis mon ordinateur portable dans mon lit tandis que d’autres patients avaient des crises autour de moi toute la nuit », se souvient Laura.
Comme ses malaises, qui se sont révélés être des crises d’épilepsie, étaient très rares, les médecins n’ont pas été en mesure de les détecter pendant son séjour.
Elle a aussi pris part à une étude sur la narcolepsie, en plus de subir divers examens, avant d’être finalement dirigée vers une IRM, dans la nuit de l’Halloween 2019.
L’importance de la défense des droits des patients
« C’est à ce moment-là qu’ils ont découvert la tumeur », explique Laura. « Je ne pense pas que mon médecin s’y attendait. Il m’a dit : « D’accord, je vais vous prescrire un scan puisque vous insistez, mais je vous préviens qu’il n’y aura rien. » »
« Cela montre à quel point la défense des droits des patients est importante en plus de prouver que vous connaissez votre corps et vos symptômes. »
Elle décrit avoir ressenti comme si quelque chose tirait à l’arrière de son œil, là où sa tumeur, un astrocytome de grade deux, a finalement été découverte.
« C’était à la fois rassurant et valorisant de se dire : « D’accord, je n’invente rien » », raconte Laura. « Évidemment, je ne voulais pas recevoir ce diagnostic, mais cela a tout de même été un soulagement de savoir enfin ce qui se passait. »
Une révélation inattendue
Elle avait découvert son diagnostic de manière inattendue plus tôt que prévu, en voyant son scan pendant l’examen d’IRM. Même si la nouvelle a été un choc au début, cela lui a donné le temps de se préparer mentalement avant de rencontrer son médecin.
« J’ai tendance à m’évanouir dès qu’il est question d’une aiguille », raconte Laura, ajoutant que c’est malheureusement ce qui s’est produit après l’injection du produit de contraste lors de son IRM. Alors que l’infirmière surveillait la tension artérielle de Laura à la fin de l’IRM, elle a aperçu par hasard le scan de son cerveau.
« Si vous tapez « tumeur cérébrale » dans Google, c’est l’image qui apparaît », dit-elle en parlant de l’image qui montrait clairement une masse dans son cerveau. « On essaie alors de se raisonner : c’est sûrement parce que j’ai passé trop de temps dans l’appareil, ou alors, elle regarde les résultats de quelqu’un d’autre. Mais j’ai su, à ce moment-là, que c’était mon scan et que ces images étaient les miennes. »
Faire face à une intervention chirurgicale et à une pandémie
Laura a été opérée en mars 2020 et est sortie de l’hôpital trois jours avant l’instauration du confinement à Toronto en raison de la COVID-19.
Elle a passé les quatre semaines suivantes à se rétablir, dans le petit appartement qu’elle partageait avec ses parents, venus lui rendre visite. Elle décrit cette période comme déstabilisante, ne sachant pas ce qui se passait avec la pandémie de COVID-19 tout en devant gérer son rétablissement.
« En y repensant, je dirais que c’était une période presque spirituelle, car cela m’a permis de voir la vie autrement, de comprendre ce qui importe vraiment et l’empreinte que l’on veut laisser dans ce monde », explique Laura. « Three Ships est devenu une véritable source de motivation et d’inspiration tout au long de mon parcours et de ma convalescence. »
Envisager des options de traitement
Elle avait hâte de présenter son entreprise à l’émission Dans l’œil du dragon, même si son passage était prévu peu après qu’une IRM de suivi effectuée six mois plus tôt ait révélé une légère récidive tumorale.
Laura a demandé à son médecin de retarder les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie qu’il lui avait proposés, puis a demandé à y renoncer complètement lorsqu’elle a entendu parler d’un essai clinique portant sur le vorasidénib. L’essai clinique pour ce médicament anticancéreux, destiné à traiter certains gliomes de bas grade, se déroulait aux États-Unis. Pour y participer, Laura devait avoir attendu un an après son opération et ne pas avoir reçu de chimiothérapie ni de radiothérapie.
Elle a pris part à l’essai clinique pendant deux ans, et le médicament a été approuvé par Santé Canada en octobre 2024.
« Je me sens très privilégiée d’avoir pu bénéficier de ce traitement pendant si longtemps avant qu’il ne soit accessible au grand public », déclare Laura.
Elle se considère chanceuse, car ce que les médecins soupçonnaient être une récidive tumorale semble n’être que des changements liés à l’intervention chirurgicale.
Vivre avec les hauts et les bas
« Chaque examen d’imagerie est toujours aussi terrifiant, à bien des égards, que le premier. Je pense que tous les patients atteints d’un cancer, ou du moins moi-même, gardent une certaine forme de traumatisme lié à l’annonce du diagnostic initial. », explique Laura. « J’ai encore des inquiétudes quant aux changements qui pourraient survenir et à ce que cela signifierait pour ma vie actuelle, pour mon mari et pour l’entreprise. Mais il faut apprendre à mettre ces préoccupations de côté et se rappeler que personne n’est assuré de vivre éternellement. »
« Chaque jour est un véritable cadeau. »
L’expérience de Laura a contribué à façonner sa vision des choses dans tous les domaines de sa vie, en particulier dans le monde des affaires.
« Cela permet de relativiser les nombreux hauts et bas qui accompagnent l’entrepreneuriat », explique Laura. « Cela m’a permis de devenir une cheffe d’entreprise plus compétente, car il en faut beaucoup pour me déstabiliser ou me perturber après cette expérience. »
Donner au suivant
L’entreprise de Laura, Three Ships, est fière de commanditer la Marche des tumeurs cérébrales 2025 à Edmonton et à Toronto, et Laura est aussi ambassadrice de la Marche des tumeurs cérébrales à Toronto. Lorsqu’on lui demande ce qui l’a motivée à s’impliquer, Laura répond que c’est le soutien qu’elle a reçu dès le début de son diagnostic.
« On m’a remis le manuel destiné aux patients et je l’ai lu d’un bout à l’autre », raconte Laura, ajoutant que cela l’a aidée de lire le témoignage d’autres patients et des faits avérés plutôt que de se perdre dans les méandres des recherches en ligne.
« Je pense qu’il est essentiel de pouvoir compter sur une ressource fiable, explique Laura. Je pense aussi qu’il est important de sensibiliser les gens à ce que vivent les patients après un diagnostic de cancer et, plus généralement, de les informer sur les tumeurs cérébrales. »
De la part de la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales :
Nous tenons à remercier chaleureusement Laura d’avoir accepté avec tant de gentillesse et d’enthousiasme d’être notre ambassadrice pour la Marche des tumeurs cérébrales de Toronto, ainsi que pour sa générosité en commanditant les Marches des tumeurs cérébrales de Toronto et d’Edmonton par le biais de son entreprise, Three Ships. Nous ne pourrions pas faire ce que nous faisons sans le soutien continu des membres de notre incroyable communauté!